Textes

 

Chronique de l’album d’EIFFEL – ABRICOTINE (2001)

Abricotine ! mais quoi ? De quoi tu me parles ? un truc orange vaguement collé derrière une pâte à coquillage ? un parfum acidulé à sucer dans le coin d’une cour ? Presque rien, des bribes de souvenir, une odeur de vieille moquette, un tic-tac qui dure des heures, une après-midi sous cloche et puis soudain, le cri de la sonnette, un frisson qui te dresse, puis le grand plongeon dans la lumière et très vite ton souffle qui monte, qui s’emballe, et qui t’explose les entrailles, enfin (Abricotine & Quality street). Ça tu ne l’oublieras jamais. Même des années plus tard, à traîner sur le parquet détrempé du dancefloor, la mine décrépite, les chaussettes imbibées et le moral dedans, tu verras l’ange déchu, pétri d’un voile blanc-violet, t’appeler au secours (Dragqueen). Tu voudrais prolonger la fureur d’une vie insoumise, d’un été qui n’en finirait pas. Tu prendras le risque, tu te jetteras aux quatre vents pour m’appeler et rester unis (Inverse-moi). Bien malgré toi, tu promènes ta caboche percée devant le tout paris et tu aperçois tout, tu ressens tout. Ses signaux te traversent le crâne comme des éclairs en rase campagne. On pourrait presque tout apercevoir : un cortège de fantômes, une foule de monstres noirs et blancs projetés en cinéma muet (Hype). Tu sais que la rage ne paye plus mais tu ne t’en laisses pas conter, tu demandes à rejouer la scène, mais il n’y a plus personne, le mec a dit « coupez ». Tu serais prêt maintenant, à remonter en scène, tu saurais quoi dire ! Alors tu réécris le film, un crime parfait en série B (Te revoir). Tu refuses le train-train, alors tu t’envoles, tu quittes la surface, cap au-dessus des nuages, s’en aller, s’étirer dans les airs, au loin, jusqu’à toucher le Japon (Quand est-ce ?). Mais tes démons ne sont jamais loin, au détour d’une rue, dans un coin de caboche, juste derrière toi, leur souffle te caresse la nuque même dans ton repos, incessamment (ô toi). Tu cherches l’amour un peu partout, dans le ciel ou sous le pavé d’une ville désertée (Quelqu’un), mais le véritable amour tu l’as déjà trouvé, rappelle-toi, c’était il y a 60 ans. Un amour fou, un amour immense, parti à la guerre, une âme de plus… tu ne l’oublieras pas, sa présence te hante encore à chaque instant (Si demain). Enfant, tu étais déchaîné, virevoltant, et sauvage. Tu as appelé toute la nuit mais personne n’est venu. On t’a laissé seul, tu as ourdi tes armes en silence, aujourd’hui tu sais qu’il faudra te battre jusqu’à la fin (J’ai poussé trop vite).

Newton Spirit (28/07/2017).

http://www.eiffelnews.com